Notre interlocuteur, avec qui nous sommes revenus sur son long parcours, estime qu’il est venu le temps pour lui d’entraîner l’une des quatre grosses cylindrées du championnat. Une ambition qu’il trouve légitime au vu de son parcours. A défaut, il préfère se retourner vers l’étranger. L’ambition l’intéresse tant.
Les dernières nouvelles vous annoncent proche du Hilal du Soudan. Le vrai du faux ?
Il est vrai qu’il y a eu un contact avec le club soudanais d’Al Hilal, étant que j’ai eu par le passé une bonne expérience au Soudan que ce soit avec Ahly Shendy ou Al Merreikh. Malheureusement, les contacts avec Al-Ahly n’ont pas abouti. J’étais motivé et très intéressé par une expérience à la tête d’Al-Hilal d’autant que le club joue encore en Ligue des champions. Mais bon, la vie est ainsi faite.
Ce qu’il faut savoir, c’est que c’est très difficile qu’on m’accepte à Al-Hilal qui a été par le passé un club ennemi d’Al Merreikh. C’est la rivalité sportive entre ces deux clubs qui en a voulu ainsi. L’inverse aurait été vrai. Historiquement, aucun entraîneur n’est passé par Al Merreikh et a débarqué à Al-Hilal. Par contre, entraîner Al-Hilal peut vous ouvrir les portes d’Al Merreikh. C’est la réalité et en même temps l’une des spécificités du football soudanais. A titre d’exemple, Diego Garzitto a entraîné Al-Hilal puis a dirigé Al Merreikh.
Justement, si vous nous parlez de votre expérience au Soudan…
Mon expérience au Soudan fut l’une des meilleures expériences de ma carrière d’entraîneur. Un passage inoubliable avec Ahly Shendy. Quand j’ai pris les rênes de ce club, il était inconnu sur la scène continentale. L’équipe venait d’accéder à la première division du championnat soudanais. La première saison, nous avons terminé troisième au classement. Une troisième place qualificative à la Coupe de la CAF. Pour sa première participation à une épreuve continentale, l’équipe de Shendy, sous ma direction, a atteint la phase des groupes. C’était un exploit historique pour ce club novice. Une première en Afrique qu’un club qui vient d’accéder à la première division du championnat de son pays et qui, pour sa première participation continentale, atteint la phase des poules. Pourtant, nous avons affronté des clubs expérimentés comme Coton Sport, Simba Football Club et Inter Club. En atteignant la phase des groupes de la Coupe de la CAF, j’ai été élu meilleur entraîneur au Soudan au titre de la saison 2010/2011. Cette saison-là, il y avait pourtant de grands noms qui entraînaient dans le championnat soudanais à l’instar de Houssem El Badri, Ricardo et Garzitto. Après deux ans passés à Shendy et grâce aux résultats que j’ai obtenus avec l’équipe, notamment en Coupe de la CAF, j’ai été recruté par Al Merreikh, le grand club en Afrique que vous connaissez. J’avais sous la main un effectif riche et bien garni. Mon gardien n’était autre que Issam Hadhary. Il y avait également Haythem Mustapha, le capitaine du Soudan, et Fayçal Ajab, le vice-capitaine de la sélection soudanaise, Kilitchi, le capitaine de la sélection olympique nigériane, et Soulaymani, capitaine du Cap Vert. Il y avait du beau monde. Le président d’Al Merreikh à l’époque était Jamel Wali, un homme d’affaires connu au Soudan et qui ne lésinait pas sur les moyens.
Il faut savoir aussi qu’Al Merreikh n’a pas pu remporter le championnat local pendant 12 ans. Il lui arrivait seulement de remporter la Coupe du Soudan. Après 12 ans, Al Merreikh a remporté le doublé. Cette année-là, je n’ai pas pu terminer la saison car j’ai attrapé la malaria en Angola. Mais j’ai laissé l’équipe finaliste en Coupe et leader du championnat avec cinq longueurs d’avance sur Al-Hilal. Jamal Al Wali a été reconnaissant et m’a invité à la cérémonie de fin de saison.
Vous étiez annoncé à l’US Tataouine. Pourquoi avez-vous décliné finalement l’offre ?
J’ai parlé de cette offre une seule fois aux médias. C’est la deuxième fois que j’évoque ce sujet et cette fois sur les colonnes de votre journal. A mon retour d’Arabie Saoudite, j’ai reçu quatre offres officielles. Il y avait en premier lieu l’Etoile Sportive de Métlaoui, mais j’ai décliné l’offre. Les responsables de Tataouine m’ont contacté une première fois alors que j’étais encore en Arabie Saoudite quand j’ai résilié le contrat et que je me préparais à retourner en Tunisie. J’ai préféré prendre le temps de souffler d’abord avant de m’engager avec un nouveau club. J’avais été également approché par la Jeunesse Sportive Kairouanaise et il y a eu aussi un contact avec le CAB (un dirigeant cabiste et non pas le président qui m’a contacté) . Mais nous ne nous sommes pas mis d’accord. J’ai été approché aussi par l’Union Sportive de Ben Guerdane et je me suis entretenu avec son président Mongi Lassaoud. Ils ont un bon groupe de joueurs, mais pas d’accord en fin de compte. Pour revenir à l’US Tataouine, il faut savoir que les négociations ont duré un mois avant que l’information ne soit rapportée par les médias. Nous nous sommes mis d’accord sur tous les détails. Il y a eu une envie de collaborer des deux parties d’autant que, quand j’avais eu mon diplôme d’enseignant, j’avais été affecté à Tataouine et j’avais joué là-bas pendant trois saisons. J’étais même le capitaine de l’US Tataouine à cette époque, voire joueur et entraîneur adjoint avec Hédi El Kouni. C’est dire les liens affectifs que j’ai avec ce club.
Ils ont accepté toutes mes conditions. J’étais content et je devais diriger ma première séance d’entraînement au lendemain de notre accord. Malheureusement, mon père est tombé malade. Je devais m’occuper de lui. Je me suis excusé auprès du président du club. J’espère un jour rendre ce que je dois à ce club. L’Union Sportive de Tataouine est mon deuxième club de cœur après l’Olympique de Béjà. Je souhaite tout le succès à l’US Tataouine avec son nouveau coach. Par ailleurs, je remercie tous ceux qui ont pensé à moi pour entraîner leurs équipes. Je leur dis merci pour avoir placé leur confiance en ma personne et je m’excuse auprès de tous si je n’ai pu répondre à leurs offres.
Entraîner de nouveau en Tunisie, ça vous intéresse encore ?
Evidemment que oui. Je dois beaucoup aux clubs tunisiens que j’ai entraînés par le passé, car c’est grâce à eux que j’ai pu aller entraîner à l’étranger. Au fait, si je me suis fait un nom, c’est grâce à mes premières expériences en Tunisie. Je suis reconnaissant à mon pays et à tous les clubs que j’ai entraînés en Tunisie. Mais en toute modestie, durant ces 12 dernières années, je suis le technicien tunisien qui a le plus entraîné dans notre championnat. Un passage de trois ans à Béjà que je trouve réussi, à Kasserine également c’était réussi. EGS Gafsa je l’ai pris dans une situation difficile et avec laquelle j’ai disputé la Coupe de la CAF. L’Avenir Sportif de Gabès, je l’ai dirigé en Ligue 2 et c’est sous ma houlette qu’il a accédé en Ligue 1. J’ai pris en main l’ES Métlaoui dans une situation difficile et la saison d’après nous avons terminé quatrième au classement final.
Je crois qu’avec mon vécu d’entraîneur aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger, il est légitime que j’ambitionne à présent à entraîner l’un des quatre grands clubs et à remporter des titres . S’il n’y a pas une offre à présent émanant de l’un des quatre grands clubs, je préfère me retourner vers l’étranger.
A un moment vous étiez proche d’entraîner l’ESS. Pourquoi ça a capoté ?
A un moment donné, j’étais proche d’entraîner le CA et le CSS. Pour l’ESS, je sais qu’après mon retour d’Arabie Saoudite, je figurais parmi les noms des entraîneurs candidats pour diriger l’ESS. Mais sincèrement, je n’ai eu aucun contact officiel avec l’ESS. Et quand je dis contact officiel, c’est avec le président ou une personne qu’il mandate. Mais ce serait un honneur pour moi d’entraîner un jour l’ESS ou une des trois autres grosses cylindrées du championnat.
Votre dernier passage au club saoudien Damac. En êtes-vous satisfait ?
Le Damac Football Club a 49 ans d’existence et c’est sous ma houlette qu’il a accédé pour la première fois de son histoire à la première division du championnat saoudien avec, à la clef, un bon passage dans cette division. C’est ma troisième expérience à l’étranger après mes deux passages aux Soudan avec les Shendy et Al Merreikh. Je pense que mon passage avec Damac a été une réussite. J’ai relevé le défi de faire accéder le club de Damac en première division alors qu’au départ, je refusais l’idée de partir entraîner en deuxième division à l’étranger. Mais le projet sportif de Damac m’a séduit.
Mais vous savez, la première division en Arabie Saoudite est un championnat très disputé avec des moyens financiers et humains gigantesques. Ce n’est pas vraiment donné. J’ai réussi tout de même une première historique : une victoire devant Al Ittihad.
Le mot de la fin…
Je remercie d’abord «La Presse de Tunisie» d’avoir pensé à moi. Cet entretien m’a permis de faire une rétro sur ma carrière et d’apporter des éclaircissements sur les dernières offres que j’ai reçues.
Concernant notre football, je trouve insensé que beaucoup d’entraîneurs étrangers exercent dans notre championnat. Les entraîneurs tunisiens sont compétents sans oublier les salaires payés en devises. Regardez ce que fait Mouîne Chaâbani à la tête de l’Espérance de Tunis. Il a réussi là où des techniciens étrangers venus à l’EST ont échoué. Regardez aussi le bon travail que fait Lassaâd Dridi à la tête du Club Africain. Croyons plus en nos entraîneurs !